Sens & Tonka
LE LITTORAL, LA DERNIÈRE FRONTIÈRE
« Depuis plusieurs années, l’extérieur l’emporte partout sur l’intérieur et l’histoire géophysique se retourne tel un gant », constatait Paul Virilio en 2009. La situation n’offre aucune prise, la « fin de l’Histoire » masque avant tout une fin de la géographie et de son continuum. L’immédiateté exclut l’étendue. Monde fini, fin de la géographie... mais comment donc reconfigurer l’espace pour calmer les flux ? La passion contemporaine pour l’édification de murs témoigne de cette ambivalence jouant simultanément sur la fermeture et l’ouverture, entre un pouvoir de plus en plus virtuel et de grossières barrières physiques, barricades ou corridors. À l’heure du « village planétaire », pensez donc ! Mais le village n’a-t-il pas toujours été dominé par l’isolement et la surveillance ?
DE LA COMPACITÉ
— RÉÉDITION —
Cet essai, initialement paru en nos éditions en 1997, explore une relation entre certaines formes d’architecture et les expériences totalitaires du siècle dernier. En s’appuyant sur l’emblématique totalitarisme nazi incarné par deux hommes, Hitler et Speer, Miguel Abensour sonde les profondeurs, les connivences, les avatars des dirigeants dans l’œuvre de domination. L’auteur laisse en filigranes d’autres totalitarismes aux résolutions esthétiques semblables.
Par un regard attentif sur le passé, M. Abensour pointe en réalité, cruellement, notre présent.
SURRÉALISME ET SITUATIONNISTES AU RENDEZ-VOUS DES AVANT-GARDES
La chronologie n'assigne pas seulement aux avant-gardes leur place dans l'Histoire ; elle les classe d'emblée par ordre d'importance. Il en est de même pour leurs substituts contemporains. L'Internationale situationniste succède au surréalisme et le mouvement de Debord hérite d'une partie du mouvement de Breton et se déleste de l'autre pour repartir de l'avant. Mais vers quoi ?
TRAJECTOIRES OBLIQUES
L’acte de connaître n’est pas anodin dans une vie, il y introduit un hiatus, y ajoute une discontinuité ne faisant un ni avec les choses ni avec le monde ni avec lui-même. C’est de cet « oblique » où s’entrechoquent réinvention d’une pensée et d’une existence qu’il sera question dans ce livre, d’une vie aux prises avec ce qui n’est pas, écart d’avec l’état des choses et d’elle-même, dissolution de
LES FAGOTS DE COURBET
Dans Matisse-En-France, Aragon transcrit ce propos de Henri Matisse : « Il y a deux catégories d’artistes, les uns qui font à chaque occasion le portrait d’une main, d’une nouvelle main chaque fois, par exemple Corot, les autres qui font le signe de la main, comme Delacroix. Avec des signes, on peut composer librement et ornementalement. »
Il y aurait ainsi deux façons de peindre, et, si ce n’est deux peintures antinomiques, du moins deux versants opposés de la peinture : une peinture du signe et une peinture de la ressemblance. Et des peintres qui peignent, les uns, ce qu’ils voient, les autres, ce qu’ils savent ou imaginent...
JEAN BAUDRILLARD PATAPHYSICIEN
Dans ce texte prononcé lors de la manifestation « Baudrillard is back », à Reims, en 2009, François Séguret dévoile un secret jusqu’alors bien gardé : Jean Baudrillard, pataphysicien.
HARD MEMORIES
Dans ce texte prononcé lors de la manifestation « Baudrillard is back », à Reims, en 2009, le psychanalyste Michel Neyraut rend hommage à son ami de jeunesse et camarade de lycée en évoquant quelques-uns de leurs souvenirs communs.
LE CHAT DE FAÏENCE AU LIEU D'ÊTRE EN CHAIR
— INÉDIT —
Le Chat de faïence au lieu d’être en chair est le premier texte de Jean Baudrillard. Il s’agit d’un poème daté de 1949, l’auteur avait alors vingt ans.
L'UTOPIE ET LA VILLE
Être pleinement de son époque empêche de fixer son regard sur elle pour mieux la saisir. Le présent est devenu si envahissant... La crise que nous traversons ne s’accompagne paraît-il d’aucune alternative. Comment la raconter, cette crise ? Elle ne porte pas de nom. Instrument de gouvernance et de normalisation en même temps que principe dialectique, la crise cherche toujours à instaurer sa raison supérieure. On fait semblant d’adhérer au présent, mais une naïveté sincère et grave, une candeur extrêmement sérieuse ont disparu. Et pourtant, au fond ça résiste encore un peu. Au vent de l’éventuel, l’Utopie reste un sentiment plus partagé qu’on ne pourrait le croire.
MELVILLE
— RÉÉDITION —
«De l’aventure métaphysique du Capitaine Achab qui, dans Moby Dick, poursuit le Léviathan jusqu’aux confins de la terre, au récit de Billy Budd, le “beau marin” ignorant du Bien et du Mal et pendu au nom de la Loi, en passant par les ambiguïtés de Pierre, dont le travail d’écrivain se perd dans les replis et les soubassements de l’être, la quête de Melville ne visait pas moins qu’à ébranler les assises du monde. Quête difficile, titanesque, voire impossible, qui, pour Melville, s’acheva dans le désastre, tant il est extraordinairement complexe de remonter en deçà de l’équilibre des dieux et de Dieu même, de saisir quelque chose du paradis toujours déjà perdu.»