L'auteur
Philosophe et sociologue français, Yves Stourdzé, né à Paris en 1947 est décédé à l'âge de 39 ans en décembre 1986. Il a produit, en un temps bref, l'une des analyses les plus pertinentes des fondements du pouvoir et du système des grandes organisations ; il a étudié les conditions techniques et institutionnelles de l'innovation dans la société française et les freins auxquels elle se heurte. Universitaire et chercheur distingué, alliant étroitement réflexion et action, il a dirigé pendant les dernières années de sa vie le Centre d’étude des systèmes et technologies avancées (CESTA), vivier et creuset d'idées qui inspira nombre de grands programmes de société et dont la modernité court toujours aujourd'hui.
Yves Stourdzé
ÉLECTRONS & DISSIDENTS
La volonté d’Yves Stourdzé était d’explorer, et plus, l’introduction des nouvelles technologies numériques dans la société française et les modifications qu’elles suscitaient. Il y avait la théorie, les rapports, les colloques, enfin toute une armada pour expliquer, pour convaincre, pour obliger !
Il aimait convoquer tous les moyens afin de réveiller la Belle France et ses édiles, et ses Grands corps moisissant au pouvoir de l’inaction, de l’attentisme et de la censure. Il en pâtira de façon cuisante.
Ici il mobilise le cinéma et les enjeux politiques, les jeux troubles, il convoque les mauvais souvenirs de la société prête à oublier le pire.
Ce texte, loin d’être « fini » n’est pas non plus un état ; l’écriture d’Y. Stourdzé est fait d’un style qui met en bascule les attendus, chasse les démonstrations convenues, évoque, plus que ne prouve, convoque notre étonnement jusqu’à l’improbable, comme il le fit dans Les Ruines du futur (1970), il ouvre la plus belle porte du savoir : l’imaginaire mère de toutes les libertés ! Le non finito est peut-être l’abouti.
H. T.
Cet ouvrage n’est en vente que sur notre site.
AGONIE DU MONOLOGUE DANS LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE
Le souhait d’Yves Stourdzé était d’explorer l’introduction des nouvelles technologies de communication dans la société française.
Il s’y consacra, dans les années soixante-dix/quatre-vingt, convaincu que les formes et détours du pouvoir devaient s’y révéler en modelant ces nouvelles inventions. C’est ce qu’il avait nommé généalogie. À ce moment, la grande crise du retard français en matière de téléphonie l’incita à mettre à jour le télégraphe, à fouiller plus profondément ce qui s’était fomenté lors de son invention. Il put alors découvrir, qu’après la Poste présente depuis le Moyen Âge, le modèle du pouvoir en plus se devrait alors de maîtriser ces techniques et d'en garder le contrôle. D’abord le télégraphe puis le téléphone.
Avec une équipe de chercheur, tous les supports de communication, qu’ils soient de paroles ou d’images, furent examinés, de même que les conditions de leur acceptabilité. SCOPIE DU POUVOIR DANS LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE, 2021, Éditions Sens&Tonka, Paris, présentait le travail concernant le télégraphe optique puis électrique.
Il nous a semblé nécessaire de faire connaître le travail concernant le téléphone qui éclaire enfin la crise des années soixante-dix et permettra à la société française d’être présente dans le nouvel «ordre» du monde.
En librairie le 16 janvier 2024
SCOPIE DU POUVOIR DANS LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE
Il s’agit de l’histoire d’un nouvel équipement de communication, un peu oublié. Yves Stourdzé expose les tours et détours du pouvoir afin de ne rien perdre de son contrôle sur la société française.
Assurer la puissance de l’État en fabriquant un modèle de représentation aussi fort que la fonctionnalité de la technique, modèle qui aura de beaux jours devant lui et des échos très contemporains.
La singularité de sa méthode ressemble à celle d’un archéologue sur un champ de ruines, découvrant pierre après pierre l’objet attendu de ses hypothèses, et met à nu sa démarche même de recherche.
L’objet de sa recherche, sa motivation essentielle, a toujours été la question sans fond du pouvoir et de la domination. C’est ce qu’il traque, dans ses actions, dans le passé, une généalogie qui a pour but d’ouvrir l’avenir. Ces hypothèses font progressivement apparaître l’exercice du pouvoir vis-à-vis de son pays, de celui dont nous sommes les habitants.
De manière consciente ou inconsciente, le pouvoir modèle le fonctionnel de la nouveauté technique à ce que Yves Stourdzé appelle une esthétique des argumentaires
En nos éditions:
Les Esprits et les Choses (2016) ISBN 978-2-84534-266-8
Pour une poignée d’électrons (2016) ISBN 978-2-84534-256-9
Organisation et anti-organisation (2015) ISBN 978-2-84534-254-5
Les Ruines du futur [1970] (1998) ISBN 978-2-910170-32-5
Yves Stourdzé par... ISBN 978-2-84534-263-7
Les Esprits et les Choses
Sont ici présentés treize textes qu’Yves Stourdzé a écrits dans diverses circonstances : études, professionnelles (préparation d’interventions, notes d’intention, notes de service) ou écriture plus personnelle.
Il faut les lire en contrepoint d’autres textes, dits plus maîtrisés – que nous avons par ailleurs publiés. À nos yeux, ils sont l’expression radicale et la démonstration de la nécessaire non-séparation (essentielle) de la pensée et de l’action. En tant que tels ils sont une belle leçon de cohérence entre le vouloir et le pouvoir.
Ils témoignent, aussi, du possible d’être libre dans un espace-temps de contraintes et sont la preuve qu’une indépendance de l’écriture d’exigence imaginaire dans une structure institutionnelle, au service simplement du plus grand nombre, est possible.
YVES STOURDZÉ PAR
La vie d’Yves Stourdzé-1947-1986-a traversé comme un météore son époque.
Homme de réflexion, de recherche et d’action, il vécut intensément les événements de son temps. Tenant de la pensée libertariste, porteuse de la critique d’une société sclérosée (qui n’avait pas su éviter la Shoa), et d’une formidable envie de liberté d’un monde neuf, avec force il voulut participer à le construire. Il réalisa ce projet par une structure atypique et innovante réconciliant la rigueur intellectuelle avec l’imagination, l’analyse sans complaisance avec la volonté concrète d'action : le centre d'études des systèmes et des technologies avancées (Cesta). Bâtir de nouveaux rapports : que ce soit ceux de la ville, des régions, des réseaux, des développements technologiques. Sortir de l’incantation des équipements lourds sous la férule des grands corps de l’État et du monologue d’État notamment en matière de télécommunication. S’ouvrir sur un monde en marche. Penser la nouvelle globalisation qui s’annonce et qui frappe durement aux frontières d’une Europe fragile et à peine émergente. Imaginer l’association créatrice de la rigueur allemande, de l’esprit de finesse français, du design italien… et, enfin, pour fonder ce mouvement, se plonger dans la généalogie des images, des mythes et des utopies qui dévoilent, aux esprits les plus attentifs, les stratégies possibles d’une renaissance. Voici le legs.
Dans cet ouvrage collectif (vingt-six auteurs), questionnement, restitution, mise en perspective, lectures et éclairages… l’objectif est de donner envie de lire ou de relire, de revisiter la pensée d’Yves Stourdzé - dans sa complexité, ses fulgurances et son « principe d’espérance » -, dans tout ce qu’elle à à nous dire.
POUR UNE POIGNÉE D'ÉLECTRONS
"Dans les textes de Pour une poignée d’électrons, abondamment nourris de son travail généalogique, Yves Stourdzé soutient que les termes qui constituent la communication « sont l’enregistrement de la langue, du temps, du corps ». Il montre que le pouvoir en France s’est toujours méfié de la communication directe entre les gens et qu’il a donc toujours privilégié les techniques de communication qu’il pouvait contrôler ou qui mettent en scène sa prédominance : le télégraphe Chappe et ses stations fortifiées, le réseau ferré en étoile, la presse plutôt que le téléphone, etc. De la même façon le pouvoir privilégie le lourd, le fortifié, la ligne Maginot plutôt que les chars. En France « se distinguent ses Grands Corps et ses Petits Vices, ses notables et ses employés, ses fantasmes et ses espoirs. Pêle-mêle au gré d’une histoire de toile d’araignée technique : le marchand, le politique, l’ingénieur et le fonctionnaire. Et dans un tout petit coin obscur, le client ». C’est pourquoi il est nécessaire de « déréguler en profondeur la société française pour promouvoir l’innovation » et les « dérégulateurs » doivent « avoir sans cesse présents à l’esprit les visages des inventeurs qui, dans le domaine des communications, n’ont eu d’autres choix depuis deux siècles que de baisser les bras… Car un climat propice à l’innovation ne se crée pas d’un coup de baguette magique. Il faut créer les institutions et les stimulants qui offrent à l’inventivité les moyens de son expansion, voire les possibilités d’un recours."
Philosophe et sociologue français, Yves Stourdzé est né à Paris en 1947. Décédé à l'âge de 39 ans en décembre 1986. Il a produit, en un temps (trop) bref, l'une des analyses les plus pertinentes des fondements du pouvoir et du système des grandes organisations ; il a étudié les conditions techniques et institutionnelles de l'innovation dans la société française et les freins auxquels elle se heurte. Universitaire et chercheur distingué, alliant étroitement réflexion et action, il a dirigé pendant les dernières années de sa vie le Centre d’étude des systèmes et technologies avancées (CESTA), vivier et creuset d'idées qui inspira nombre de grands programmes de sociétéet dont la modernité court toujours aujourd'hui.
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ORGANISATION, ANTI-ORGANISATION
– Réédition –
« Hautaines, arrogantes, les organisations codifient, quadrillent, centralisent. Du haut de leur puissance, elles dominent le corps social, y inscrivent leur logique et leur ordre. Elles sillonnent l’espace et le temps et ne laissent apparaître aucune zone ouverte où l’évasion soit encore possible. Si nous ne détruisons pas les organisations, elles nous briseront définitivement. Disloquer l’organisation, c’est briser les champs qu’elle innerve et nourrit, c’est inventer un temps et un espace autres, c’est dissoudre les formes de l’équivalence qui nous enserrent et nous emprisonnent, pulvériser le système de signes qui rend la vie monnayable sous forme de salaires et de marchandises, revendiquer un temps sans mode ni plein emploi. Aussi longtemps que subsistera la logique du sacrifice, l’organisation se renforcera ; elle s’écroulera comme un château de cartes, lorsque nous refuserons l’épargne de la jouissance au nom des objectifs planifiés ou des objets consommables. » Y.S.
LES RUINES DU FUTUR
– Réédition –
Un des premiers grands textes sur les bonheurs et les abîmes de l’informatique. Sans réelle mise en garde mais d’une parole toutefois prononcée, Yves Stourdzé nous avertit dès les premières pages que « nous nous promenons aujourd’hui dans les ruines de notre avenir »... « où l’on rencontre d’un côté la miniaturisation, le microprocesseur et les manipulateurs enzymatiques ; de l’autre la navette spatiale, la bombe à neutrons... où l’on voit que, dans l’entre-deux, nous circulons à tâtons, pendant que s’élaborent des mémoires collectives, banques et bases de données, et que s’établissent les réseaux interconnectés dont les terminaux, comme autant de bouches avides, renouent avec le modèle ancien des voracités et des appétits... où l’on distingue partout des groupes qui s’agglomèrent, puis renouent avec un passé insolite, faisant leurs des passions transversales, des spécificités passagères et des stocks de signes orphelins... où l’on saisit que reproduire signifie désormais créer directement des ruines, des débris, des éclats et des nuisances... où l’on constate alors le mixage des temporalités, l’instabilité des corps... et où l’on se met à parcourir l’archéologie comme un thème de science-fiction...(Y.S.) »