Sens & Tonka
LE JARDIN EN MOUVEMENT 6e édition
Remanié et doté d'une nouvelle couverture est ici présenté, en sa 6e édition, Le Jardin en mouvement, l'un des ouvrages fondamentaux du grand paysagiste Gilles Clément.
Vingt-cinq ans après la première parution les propos développés dans cet ouvrage n’ont fait l’objet d’aucune modification sur le fond ou sur la pratique d’un « jardinage en mouvement ». Les urgences écologiques, aujourd’hui mieux ancrées dans les consciences qu’elles ne l’étaient à la fin du XXe siècle, tendent à valoriser ces pratiques à toutes les échelles et à les affiner. Certaines légendes d’illustrations reformulées, plusieurs images supplémentaires et le texte concernant le jardin du musée du Quai Branly-Jacques Chirac développé, sont les ajouts de cette édition.
Vingt-cinq années de croissance végétale modifient les paysages, elles ne modifient pas forcément l’état d’esprit dans lequel ils se développent. Le message essentiel de ce livre « faire le plus possible avec et le moins possible contre la nature » demeure à tous les stades de l’évolution d’un espace incluant le vivant.
Les Esprits et les Choses
Sont ici présentés treize textes qu’Yves Stourdzé a écrits dans diverses circonstances : études, professionnelles (préparation d’interventions, notes d’intention, notes de service) ou écriture plus personnelle.
Il faut les lire en contrepoint d’autres textes, dits plus maîtrisés – que nous avons par ailleurs publiés. À nos yeux, ils sont l’expression radicale et la démonstration de la nécessaire non-séparation (essentielle) de la pensée et de l’action. En tant que tels ils sont une belle leçon de cohérence entre le vouloir et le pouvoir.
Ils témoignent, aussi, du possible d’être libre dans un espace-temps de contraintes et sont la preuve qu’une indépendance de l’écriture d’exigence imaginaire dans une structure institutionnelle, au service simplement du plus grand nombre, est possible.
YVES STOURDZÉ PAR
La vie d’Yves Stourdzé-1947-1986-a traversé comme un météore son époque.
Homme de réflexion, de recherche et d’action, il vécut intensément les événements de son temps. Tenant de la pensée libertariste, porteuse de la critique d’une société sclérosée (qui n’avait pas su éviter la Shoa), et d’une formidable envie de liberté d’un monde neuf, avec force il voulut participer à le construire. Il réalisa ce projet par une structure atypique et innovante réconciliant la rigueur intellectuelle avec l’imagination, l’analyse sans complaisance avec la volonté concrète d'action : le centre d'études des systèmes et des technologies avancées (Cesta). Bâtir de nouveaux rapports : que ce soit ceux de la ville, des régions, des réseaux, des développements technologiques. Sortir de l’incantation des équipements lourds sous la férule des grands corps de l’État et du monologue d’État notamment en matière de télécommunication. S’ouvrir sur un monde en marche. Penser la nouvelle globalisation qui s’annonce et qui frappe durement aux frontières d’une Europe fragile et à peine émergente. Imaginer l’association créatrice de la rigueur allemande, de l’esprit de finesse français, du design italien… et, enfin, pour fonder ce mouvement, se plonger dans la généalogie des images, des mythes et des utopies qui dévoilent, aux esprits les plus attentifs, les stratégies possibles d’une renaissance. Voici le legs.
Dans cet ouvrage collectif (vingt-six auteurs), questionnement, restitution, mise en perspective, lectures et éclairages… l’objectif est de donner envie de lire ou de relire, de revisiter la pensée d’Yves Stourdzé - dans sa complexité, ses fulgurances et son « principe d’espérance » -, dans tout ce qu’elle à à nous dire.
L'ivresse de la ville
Cet ouvrage réunit tous les écrits de l’auteur : articles, conférences, séminaires, y compris ceux qu’il a écrits (à la main) et inclus dans les dessins de ses projets.
Illustré de nombreux dessins dont beaucoup d’inédits, photos des Expositions et de reproductions de free press, il est, aussi, la somme d’une culture qui s’efface très vite, il en sera l’heureuse mémoire précise.
Un long chemin dans l’Utopie avec Paris comme ville expérimentale, lieu où tous ses projets théoriques sont situés. Hommage au siècle éclairé que fut le dix-huitième, ensuite au Paris du dix-neuvième industriel, capitaliste et à ce Paris prolétarien et révolutionnaire et Ville lumière le concluant par une fameuse Exposition universelle.
Jean-Paul Jungmann lie et tient le Paris des fêtes de la Révolution, celui de l’haussmannisme, et l’actuel, comme une utopie qui perdure.
POUR UNE POIGNÉE D'ÉLECTRONS
"Dans les textes de Pour une poignée d’électrons, abondamment nourris de son travail généalogique, Yves Stourdzé soutient que les termes qui constituent la communication « sont l’enregistrement de la langue, du temps, du corps ». Il montre que le pouvoir en France s’est toujours méfié de la communication directe entre les gens et qu’il a donc toujours privilégié les techniques de communication qu’il pouvait contrôler ou qui mettent en scène sa prédominance : le télégraphe Chappe et ses stations fortifiées, le réseau ferré en étoile, la presse plutôt que le téléphone, etc. De la même façon le pouvoir privilégie le lourd, le fortifié, la ligne Maginot plutôt que les chars. En France « se distinguent ses Grands Corps et ses Petits Vices, ses notables et ses employés, ses fantasmes et ses espoirs. Pêle-mêle au gré d’une histoire de toile d’araignée technique : le marchand, le politique, l’ingénieur et le fonctionnaire. Et dans un tout petit coin obscur, le client ». C’est pourquoi il est nécessaire de « déréguler en profondeur la société française pour promouvoir l’innovation » et les « dérégulateurs » doivent « avoir sans cesse présents à l’esprit les visages des inventeurs qui, dans le domaine des communications, n’ont eu d’autres choix depuis deux siècles que de baisser les bras… Car un climat propice à l’innovation ne se crée pas d’un coup de baguette magique. Il faut créer les institutions et les stimulants qui offrent à l’inventivité les moyens de son expansion, voire les possibilités d’un recours."
Philosophe et sociologue français, Yves Stourdzé est né à Paris en 1947. Décédé à l'âge de 39 ans en décembre 1986. Il a produit, en un temps (trop) bref, l'une des analyses les plus pertinentes des fondements du pouvoir et du système des grandes organisations ; il a étudié les conditions techniques et institutionnelles de l'innovation dans la société française et les freins auxquels elle se heurte. Universitaire et chercheur distingué, alliant étroitement réflexion et action, il a dirigé pendant les dernières années de sa vie le Centre d’étude des systèmes et technologies avancées (CESTA), vivier et creuset d'idées qui inspira nombre de grands programmes de sociétéet dont la modernité court toujours aujourd'hui.
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Utopiques IV. L'histoire de l'utopie et le destin de sa critique
Miguel Abensour désireux de penser l’utopie à nouveaux frais isole un obstacle majeur à une nouvelle pensée de l’utopie, à savoir la critique marxiste de l’utopie au nom de la science. Il perçoit dans cette formation critique un énoncé dominant qui a pour fonction d’exclure tout énoncé en rupture. Par un retour aux situations énonciatrices, il élabore un autre modèle d’interprétation, un autre paradigme que celui issu de la critique marxiste classique de l’utopie. Pour lui, la véritable matrice critique marxienne n’est pas le couple antinomique de l’utopie et de la science mais plutôt l’opposition découverte en 1843 entre la révolution partielle et la révolution totale. Karl Marx pratique une inversion de la critique bourgeoise de l’utopie, l’auteur des Manuscrits de 1844 invite de façon décisive à distinguer entre les utopies qui ne sont que “l’ombre portée de la société présente” (Proudhon) et les utopies à beaucoup d’égards révolutionnaires qui sont “des expressions imaginatives d’un monde nouveau” (Fourier, Owen). Il s’agit de dévoiler la trajectoire du geste marxien de sauvetage de l’utopie, à savoir la transformation de la question statique de la propriété privée en celle, historique, du rapport du travail aliéné à la marche du développement de l’humanité. Marx n’est donc pas le fossoyeur de l’utopie et ce d’autant moins qu’il a su effectuer une transcroissance de l’utopie au communisme critique. M. Abensour discerne, ici, trois formes de l’utopie : le socialisme utopique, le néo-utopies et ce qu’il appelle le nouvel esprit utopique qui persiste après 1848 jusqu’à nos jours. La critique de l’utopie est la voie privilégiée qui mène à son sauvetage. Comme l’écrit Adorno : “On ne jette pas le bébé avec l’eau du bain”.
Utopiques III. L'utopie de Thomas More à Walter Benjamin
– TROISIÈME RÉÉDITION —
« Thomas More, Walter Benjamin ? La réunion de ces deux noms dans une constellation insolite a de quoi surprendre. Rares sont les éléments qui semblent les rapprocher, sinon peut-être l’essentiel, à savoir l’utopie. Il ne s’agit pas pour autant de découvrir une filiation inconnue, ni de prétendre écrire une histoire de l’utopie dont Thomas More figurerait le commencement et Walter Benjamin l’achèvement. S’il est vrai que Thomas More est bien l’inventeur avec L’Utopie d’un nouveau dispositif rhétorique et qu’il tente ainsi une intervention inédite dans le champ politique, Walter Benjamin ne représente nullement l’achèvement de la tradition utopique qui, sous des formes diverses, a continué et continue de se manifester après lui. Le projet consiste plutôt à saisir l’utopie à deux moments forts de son destin : à son éveil d’une part, puis, face au péril extrême, à ce que Walter Benjamin appelle “la catastrophe”, de l’autre. »
ORDRE ET DÉSORDRES
« C’est obstinément le même but que mon atelier poursuit, à travers les diverses missions qu’il a pu réaliser : déstabiliser les certitudes qui font les architectes héroïques, démontrer qu’un milieu aimable ne peut se constituer qu’en dehors des schémas d’autorités et que les outils modernes (organisation méthodique, industrie du bâtiment, informatique, etc.) peuvent être utilisés à produire des milieux diversifiés. » L. K.
ARCHITECTURES DE SIMONE ET LUCIEN KROLL
"J'ai travaillé sur les tableaux des bâtiments de Lucien Kroll en relisant son livre Tout est paysage. Son concept d'intégration relève d'une économie de l'espace qui est aussi celle de mes tableaux : un rapport du paysage de l'extérieur vers l'intérieur, et inversement." Y.B.
SOIXANTE ET UNE ARCHITECTURES
« Contrairement à la règle des trois unités du théâtre classique, nous cherchons la plus grande diversité pour assurer la plus grande complexité. Elles sont : action, lieu et temps : elles ont été réinventées par les modernistes produisant ainsi un carcan mutilant. Pour atteindre une complexité minimale, il faut les exorciser. Par contre, accueillir des objets qui “n’y appartiennent pas” par leur usage, leur forme, couleur, style, permet de casser l’homogénéité. Renoncer à l’uniformité. Renoncer aussi aux alignements et aux répétitions de formes identiques qui masquent souvent des objets différents. L’homogénéité de ces règles détruit la diversité et la coopération spontanée, aléatoire, dans une action commune entre “personnes” différentes. » L.K.