Sens & Tonka
POUR UNE PHILOSOPHIE POLITIQUE CRITIQUE
"Critique, cette philosophie politique l’est de par la jonction de deux dimensions, la critique de la domination d’une part, une interrogation permanente sur ses conditions de possibilité de l’autre. À vrai dire, une troisième dimension se fait jour dans ces pages, traversées en quelque sorte par une montée de l’utopie, au point d’infléchir cette philosophie vers une philosophie politique “critico-utopique”, si l’on reprend le terme forgé par Marx pour désigner les socialistes utopiques qu’il tenait, contrairement à la légende, en grande estime pour avoir su donner “l’expression imaginative d’un monde nouveau”. C’est sous des formes diverses, le lien humain chez Pierre Leroux, l’humain chez Emmanuel Levinas, la confrontation entre l’utopie et la démocratie que sont tentées une sortie, mieux, une évasion vers ce qui est différent, vers l’autrement. Contrairement à la doxa prisonnière de l’horizon libéral, il n’est pas vrai que la démocratie ait évincé l’utopie, comme si l’époque de la démocratie avait succédé à l’époque de l’utopie en en signant la fin."
LÉGENDES DES TAGS
Si la légende est "ce qui doit être lu", nous entreprenons ici de raconter la légende des tags. Cette légende se doit d’être lue à deux niveaux : en tant qu’inscriptions qui “légendent” un décor urbain et en tant qu’histoire structurée par les médias et divers écrits prenant appui sur les sciences humaines.
C’est ce qui a été entrepris ici en consacrant beaucoup de temps à la lecture des tags et, tout autant, à la lecture des écrits sur les tags.
LETTRE D'UN "RÉVOLTISTE" À MARCEL GAUCHET CONVERTI À LA "POLITIQUE NORMALE"
Cette Lettre est la réponse tout à la fois ironique et vigoureuse de Miguel Abensour à l’agression de Marcel Gauchet à son égard dans son ouvrage La Condition historique (Gallimard). On y trouve une réflexion critique sur le drapeau brandi par Marcel Gauchet : la politique normale. À lire Miguel Abensour, il semblerait que l’art du pamphlet soit encore (heureusement) vivant.
LES TRANSFORMATEURS LYOTARD
Sous la direction de : Corinne Enaudeau, Jean-François Nordmann, Jean-Michel Salanskis, Frédéric Worms.
Par la multiplicité des champs explorés et l’ampleur de ses déplacements, l’œuvre de Lyotard reste d’un usage malaisé.
Sa pensée est trop souvent confondue avec celle de ses voisins de “la pensée française”, Deleuze et Derrida, ou réduite à une acception sommaire de l’un de ses concepts marquants : le “postmoderne”. On oublie ainsi l’enjeu singulier de cette réflexion, aux prises avec la décision qu’exigent le jugement d’une part et l’intensité anonyme où se donne “l’événement” d’autre part.
Dix ans après la mort de Lyotard, il nous manque une compréhension plus ample de la voix qui fut la sienne dans les débats philosophiques de la fin du siècle dernier.
Les textes de ce volume ouvrent la boîte des “transformateurs Lyotard”, ils expérimentent la puissance opératoire de cette pensée.
Gaëlle Bernard – Barbara Cassin – Bruno Clément – Françoise Coblence – Marc Crépon – Olivier Dekens – Corinne Enaudeau – Élisabeth de Fontenay – Alberto Gualandi – Clemens-Carl Härle – Laurence kahn – Jean-François Nordmann – Michel Olivier – Jean-Michel Salanskis – Dominique Scarfone – Anne Tomiche – James Williams – Frédéric Worms – Pierre Zaoui
USAGES CONTEMPORAINS DE LA PHÉNOMÉNOLOGIE
François-David Sebbah et Jean-Michel Salanskis
Deux auteurs de sensibilité différente dépeignent la situation actuelle de la phénoménologie dans une série de chapitres, commis par l’un ou l’autre, qui entre en “dialogue”.
La phénoménologie est, d’abord, saisie via le legs des pères fondateurs (Husserl et Heidegger) puis par les “passages à la limite” dus à une certaine filiation française (Derrida, Henry, Lévinas, Marion).
Ensuite, les auteurs s’intéressent aux croisements de la phénoménologie avec les sciences, soit qu’elle entre dans des transactions risquées avec les sciences cognitives, soit qu’elle donne son langage à la méditation du fondement des mathématiques. Poursuivent en mesurant l’avenir possible de la phénoménologie soit dans le cadre d’un nouveau programme de réflexion de la culture, soit comme “phénoménologie d’écrivain” qui endosse le plus philosophique de “l’attitude philosophique”, interrogeant les questions défiant tout traitement positif.
Le livre est clos par une brève “rétrospective duelle”, chaque auteur y propose son propre bilan.
PENSÉES, DONC
Pensées, donc poursuit le jeu entamé dans les précédents ouvrages de Toulouse-la-Rose : des aphorismes trempés à l’acier du bon sens et de la politique qui révèlent le sordide des idées trop largement partagées.
Entre un dictionnaire des idées reçues et les loufoqueries d’un humoriste.
Bref et furieux.
LES 3 SECRETS
Le secret exerce sur nous de la fascination. Nous tombons facilement sous son charme, et nous nous laissons finalement asservir par lui car le secret exclut celui qui n’est pas en sa possession. Loin d’être une modalité comme une autre de la domination, le secret en est une des conditions. En nous répétant que le secret n’est jamais que ce que l’on savait déjà, Olivier Jacquemond cherche à nous libérer de ce charme.
MAXIMILIEN RUBEL - POUR REDÉCOUVRIR MARX-
- Miguel Abensour et Louis Janover - « Tout ce que je sais, c’est que moi je ne suis pas “marxiste”. » C’est en référence à cette phrase de Marx et à la lumière de ce que sont devenus les « marxismes » que Maximilien Rubel a établi une distinction radicale entre « marxien », qui se rapporte exclusivement à l’œuvre de Marx, et « marxiste », qui renvoie aux épigones de toutes sortes. Ironie de l’histoire : cette différence est devenue la chose la mieux partagée du monde, après avoir été objet de scandale. L’œuvre de Maximilien Rubel n’en reste pas moins « en écart » – et toujours écartée. Miguel Abensour en scrute les origines, en menant une réflexion sur le travail d’édition et de recherche d’un penseur déterminé à redonner à l’analyse critique de Marx ses multiples dimensions comme sa place dans le mouvement d’émancipation qu’elle accompagne. Louis Janover montre que Maximilien Rubel n’a pas seulement arraché Marx aux marxismes, mais ouvert nombre de perspectives susceptibles d’aiguiller la critique contre les formes les plus subtiles de confusion qui prennent l’allure de la feinte-dissidence, dernier avatar de l’idéologie. En regard, un entretien avec Maximilien Rubel permet d’embrasser l’arc de sa vie.
L'INDEMNE
Ce livre se propose de chercher, à la fois avec et contre Heidegger, à la fois au-delà et en deçà de lui, et à la fois avec et contre une certaine tradition heideggerienne, la possibilité d’une politique heideggerienne pour aujourd’hui, ou, comme l’écrit Frédéric Neyrat, une sorte “d’ontologie, mais transie par la politique”.
Une telle démarche prend sens d’abord dans le constat que Heidegger serait le premier à avoir véritablement commencé à penser le développement de la technique comme destruction progressive du monde, c’est-à-dire comme perte de sens de la présence, de ce qui fait monde, et comme orientation mondiale vers un “non-monde”, c’est-à-dire vers un espace où plus rien n’est en tant qu’être, où toute substance se réduit à une subsistance.
FAIRE, AGIR, CONTEMPLER
Cet ouvrage se met en quête d'un alter-humanisme alternatif à une mondialisation économique. Hannah Arendt a montré la perte de sens opérée par la réduction de l'action politique et de l'œuvrer humain au travail industriel. Pourtant, travailler et œuvrer demeurent deux manières de faire, ce qu'Aristote appelait "poiésis". Si nous voulons retrouver le sens de cette activité, il faut repartir d'une analyse qualitative de l'activité artistique qui n'en sera que mieux distinguée de l'action politique et d'abord éthique dans sa gratuité. Si Hannah Arendt a repris à Aristote la distinction du faire et de l'agir, de la "poiésis" et de la "praxis", elle omet de rappeler que ces deux activités tirent leur inspiration d'une troisième : la contemplation.
Il n'est pas neutre, à l'heure de la technoscience, de rendre par ce terme de contemplation la "noésis" irréductible à son savoir intéressé. Par-delà l'alter-mondialisme, la question du monde détourne l'attention de l'urgence de rendre à l'homme sa dignité et en particulier dans ses trois activités essentielles : "faire, agir, contempler".
La Renaissance s'est-elle contentée de renverser les valeurs, abandonnant la contemplation pour s'engouffrer dans une action réduite aux progrès de la technoscience ? N'était-elle pas plutôt en quête d'un équilibre entre les genres de vie : active et contemplative, voire de volupté.