Déjà Paru
MANIFESTE DU TIERS PAYSAGE
« Si l’on cesse de regarder le paysage comme l’objet d’une industrie on découvre subitement – est-ce un oubli du cartographe, une négligence du politique ? – une quantité d’espaces indécis, dépourvus de fonction, sur lesquels il est difficile de porter un nom. Cet ensemble n’appartient ni au territoire de l’ombre ni à celui de la lumière. Il se situe aux marges. En lisière des bois, le long des routes et des rivières, dans les recoins oubliés de la culture, là où les machines ne passent pas. Il couvre des surfaces de dimensions modestes, dispersées comme les angles perdus d’un champ ; unitaires et vastes comme les tourbières, les landes et certaines friches issues d’une déprise récente.
Entre ces fragments de paysage aucune similitude de forme. Un seul point commun : tous constituent un territoire de refuge à la diversité. Partout ailleurs celle-ci est chassée.
Cela justifie de les rassembler sous un terme unique. Je propose Tiers paysage, troisième terme d’une analyse ayant rangé les données principales apparentes sous l’ombre d’un côté, la lumière de l’autre.»
GERNIKA-GUERNICA
Guernica, de Pablo Picasso, est resté quarante ans sous séquestre au musée d’Art moderne de New York.
L’auteur nous fait partager dans cet ouvrage le choc émotionnel et les péripéties d’une longue quête : sa rencontre avec le peintre de génie à Vauvenargues, le témoignage de Jean-Louis Barrault qui vit peindre le grand tableau-mémoire, les vieux Flying Partners, ces anciens pilotes de guerre des deux camps, croisés à Pampelune au milieu de la violence aveugle de l’encierro.
Le raid perpétré par les nazis de la Légion Condor sur la petite ville basque de Gernika, un jour de 1937, n’est-il pas la boîte de Pandore de laquelle sortira le terrorisme qui embrase le monde ?
Aujourd’hui, ce massacre des innocents, parce qu’ils sont innocents, apparaît à l’auteur comme une mise en garde, une invitation à ne pas oublier Gernika, Hiroshima, Nagasaki, les Tours de Manhattan...
LE LITTORAL, LA DERNIÈRE FRONTIÈRE
« Depuis plusieurs années, l’extérieur l’emporte partout sur l’intérieur et l’histoire géophysique se retourne tel un gant », constatait Paul Virilio en 2009. La situation n’offre aucune prise, la « fin de l’Histoire » masque avant tout une fin de la géographie et de son continuum. L’immédiateté exclut l’étendue. Monde fini, fin de la géographie... mais comment donc reconfigurer l’espace pour calmer les flux ? La passion contemporaine pour l’édification de murs témoigne de cette ambivalence jouant simultanément sur la fermeture et l’ouverture, entre un pouvoir de plus en plus virtuel et de grossières barrières physiques, barricades ou corridors. À l’heure du « village planétaire », pensez donc ! Mais le village n’a-t-il pas toujours été dominé par l’isolement et la surveillance ?
SURRÉALISME ET SITUATIONNISTES AU RENDEZ-VOUS DES AVANT-GARDES
La chronologie n'assigne pas seulement aux avant-gardes leur place dans l'Histoire ; elle les classe d'emblée par ordre d'importance. Il en est de même pour leurs substituts contemporains. L'Internationale situationniste succède au surréalisme et le mouvement de Debord hérite d'une partie du mouvement de Breton et se déleste de l'autre pour repartir de l'avant. Mais vers quoi ?
DE LA COMPACITÉ
— RÉÉDITION —
Cet essai, initialement paru en nos éditions en 1997, explore une relation entre certaines formes d’architecture et les expériences totalitaires du siècle dernier. En s’appuyant sur l’emblématique totalitarisme nazi incarné par deux hommes, Hitler et Speer, Miguel Abensour sonde les profondeurs, les connivences, les avatars des dirigeants dans l’œuvre de domination. L’auteur laisse en filigranes d’autres totalitarismes aux résolutions esthétiques semblables.
Par un regard attentif sur le passé, M. Abensour pointe en réalité, cruellement, notre présent.
TRAJECTOIRES OBLIQUES
L’acte de connaître n’est pas anodin dans une vie, il y introduit un hiatus, y ajoute une discontinuité ne faisant un ni avec les choses ni avec le monde ni avec lui-même. C’est de cet « oblique » où s’entrechoquent réinvention d’une pensée et d’une existence qu’il sera question dans ce livre, d’une vie aux prises avec ce qui n’est pas, écart d’avec l’état des choses et d’elle-même, dissolution de
LES FAGOTS DE COURBET
Dans Matisse-En-France, Aragon transcrit ce propos de Henri Matisse : « Il y a deux catégories d’artistes, les uns qui font à chaque occasion le portrait d’une main, d’une nouvelle main chaque fois, par exemple Corot, les autres qui font le signe de la main, comme Delacroix. Avec des signes, on peut composer librement et ornementalement. »
Il y aurait ainsi deux façons de peindre, et, si ce n’est deux peintures antinomiques, du moins deux versants opposés de la peinture : une peinture du signe et une peinture de la ressemblance. Et des peintres qui peignent, les uns, ce qu’ils voient, les autres, ce qu’ils savent ou imaginent...
UN TEXTE PROVISOIRE
La poésie de Kéva Apostolova cingle, crie la vie et la mort scandées du temps de sa temporalité, elle dit l’incertitude et le déchirement, elle dit la colère et l’amour. Dans une langue parfois brutale, à la limite de la facétie de l’enfance, l’auteur pose sur elle-même un regard, que reflète le miroir du soi des autres.
LES FORTUNES DE LA VIANDE
À l’observation d’un certain type d’individus, chacun des personnages porte métaphoriquement l’organe qui le spécifie : le cœur, le poumon et le cerveau deviennent alors les emblèmes carnés de l'espèce humaine que des intoxications diverses ont dégradée.
MARIE AVANT, MARIE APRÈS
On ne connaît de Marie que la figure biblique figée de marbre pour l’éternité. Épouse de Joseph, Mère de Jésus, Mater dolorosa, sacrificielle et sacrifiée, symboliquement condamnée à l’éternelle expression extatique et aux couleurs du bleu marial et du blanc. Mais qui était-elle ? Quelle petite fille fut-elle ? D’avant, on ne sait rien. Dans l’après de l’avant de l’après, tout est à inventer de l’enfance, de l’imaginaire et de la liberté de Marie...