Déjà Paru
IL ÉTAIT UNE FOIS LA PLUS-VALUE
Il était une fois la plus-value ou l’ironie du travail [règlement de comptes] dessiné en 1971 (année d’Il était une fois la révolution de Sergio Leone), parut en 1972. L’époque n’était pas encore à la mode du roman graphique ni à la BD littéraire. Il n’existait que quelques détournements de dessins de bande dessinée mettant en scène une apostrophe lorsque Isabelle Auricoste entreprit de mettre en image un court texte de Karl Marx, conversation du Capitaliste avec le Prolétariat, qui, ni l’un ni l’autre, n’ont leur langue [de bois] dans la poche, afin de faire avancer la théorie par cette manière alors peu usitée.
LE POUCE EN INCARTADE
Trente-quatre poèmes, trente-quatre variations sur les thèmes des éternels questionnements qui cherchent à sonder le pourquoi de l’Homme : enfance, amour, révolte, mort...
L'ENVERS DE L'ENDROIT
"Étrange livre ! On ne cherchera pas ici un manuel de jardinage, ni même une leçon de paysage, mais bien plutôt une leçon de vie, de vie de l’esprit pendant toute une vie. Malgré la modestie de son volume, L’Envers de l’endroit est la trace d’une longue navigation qui a mené son auteur à travers les continents de l’art et de la science, avant et pendant un destin de jardinier. Peinture, photographie, cinéma, d’un côté, médecine, botanique, ornithologie, horticulture, de l’autre, telle fut la formation hautement diversifiée d’Alain Richert, mais la palette des connaissances convoquées ici pour comprendre et œuvrer au jardin est encore plus large." (Claude Eveno)
J'AIME LE RIZ AU LAIT
Cet ouvrage, tout à fait en dehors de nos productions habituelles, nous réjouit justement par sa singularité et la délicatesse « littéraire » qu’y a mise l’auteur dans la manière de présenter ses recettes.
« Provoquer, partager, précipiter les émotions, pourrait dessiner mon portrait », dit-elle.
Bonne entrée en matière : et voici donc quelques recettes de ce bon vieux riz au lait qui pour beaucoup d’entre nous se fait gloire, au même titre que les crêpes, les œufs en neige, la crème au chocolat ou le pain perdu, d’être notre petite madeleine de Proust, « car la recette est si simple que toutes les fantaisies sont permises : elle évoque toujours les goûters de l'enfance, la douceur, le réconfort. André Gide en confectionne une version dans un des moments difficiles de son “Voyage au Congo”.
[...] S'il ne fait pas partie de mes souvenirs d'enfance, le riz au lait en revanche traverse ma vie d'adulte, ponctue des rencontres, sillonne des pays. Je vous livre ici des recettes simples, d’autres plus élaborées mais toujours étonnantes et savoureuses.
J'aime le riz au lait, j'en raffole ! Était-il nécessaire de le préciser ?
Oups, j'allais oublier ; bien qu'aucune étude n'ait été faite à ce sujet, j'affirme que les garçons, les hommes, les amoureux, les fiancés raffolent de riz au lait. » Et nous, donc !
LA VERTU DES OMBRES
La Vertu des ombres, sous un aspect polémiste et pamphlétaire, aborde la tragique situation politique et dictatoriale des pays d’Amérique latine dans les années soixante-dix et quatre-vingt.
« Dans les sables mouvants de la déréliction et de la peur, nous sommes les bagnards de la solitude, et de cela nous mourons à petit feu… À la fois être et apparence, je reste mon propre néant… », écrit le poète Rémy Durand.
LE CAS TRAWNY
Michèle Cohen-Halimi et Francis Cohen
Edgar Poe nous l’a appris, le meilleur moyen de dissimuler est d’exhiber ce que l’on veut soustraire à la lecture. On pourrait nommer le dispositif de “la lettre volée” l’entreprise qui consiste à dévoiler publiquement l’antisémitisme de Heidegger en éditant son journal de pensée, les Cahiers noirs, pour mieux empêcher cet antisémitisme de se plier aux conditions usuelles, c’est-à-dire historiques, politiques et morales, de sa compréhension. Heidegger est d’autant plus montré comme antisémite que son antisémitisme est soustrait à l’antisémitisme.
M. C.-H. & F. C.
L'AGONIE DE LA PUISSANCE
L’Agonie de la puissance réunit trois variations de textes de Jean Baudrillard écrits à l’occasion de conférences prononcées au cours des années 2005 et 2006. Ces textes, qui ont un fonds commun (l'hégémonie du Bien, la "terreur blanche"...) permettent de saisir les interstices, les subtilités de la pensée de l’un des grands penseurs de notre époque.
ON L'APPELAIT RÉVOLUTION...
Le sommeil de la raison engendre des monstres, nous dit Goya, et il nous montre le dormeur prisonnier de ses cauchemars. Rien de comparable pourtant au sommeil de la mémoire qui permet à des monstres autrement dangereux de hanter notre histoire en se coulant dans des formes familières. Ces figures de l’oppression du passé, héritières des régimes totalitaires, n’hésitent pas à détourner la mémoire de ceux qui se sont opposés à leur entreprise, à se parer de leur nom, à contrefaire les rôles pour abuser le regard et les esprits.
C’est surtout la révolution qui, dans le monde contemporain, apparaît comme la négation radicale de ce qu’elle a représenté pour les exploités et les penseurs quand ils luttaient pour réaliser une société d’où les rapports de domination et de servitude auraient été bannis. Si bien que rendre au mot son véritable sens, faire en sorte que l’expression corresponde à la chose, voilà qui serait rien moins qu’une... révolution.
Il s’agit, ici, de percer le “mystère d’iniquité” qui consiste à changer chaque parole de l’émancipation en son contraire.
COLLAGE DRÔLE DE MONTAGE
« Collages
De la colle dure de la colle molle
Du papier du carton du bois des matières de ce qui vient sous la main
Des bouts de tout des bouts de rien des amalgames des couleurs de l’envers de l’endroit des tête-bêche des découpures des déchirures
Chœur à cœur à l’ouvrage
Collage drôle de montage »
J.-M.S.
LA CATHÉDRALE DE LA MISÈRE ÉROTIQUE
Kurt Schwitters, oscillant entre constructivisme et Dada, est “le” grand artiste de l’avant-garde allemande. De 1922 à 1937, il construit, dans son immeuble à Hanovre, une “colonne” appelée Cathédrale de la misère érotique ou Merzbau (construction merz) œuvre-phare à l’architecture stupéfiante, exceptionnelle, unique dans l’histoire de l’art, qui invite à entrer dans l’intelligence des conceptions singulières du génie enjoué de l’artiste (collages, peintures, assemblages, poèmes, typographies).
Le destin de K. Schwitters fut brisé par l’exil quand il dut fuir le nazisme. Il mourut en Angleterre en 1948, après avoir recommencé la construction de sa colonne par deux fois.