Littérature
JEANNE-MARIE SENS RECUEILS
Jeanne-Marie Sens, Recueils contenant :
"Les Mots Tout Court"
"La Mouche Sous Un Verre"
"Trait d'Union"
LE ROMAN DE DIX JOURS
Le médecin a été formel, 24 heures sur 24, dix jours de lit, repos COMPLET. Un moment de panique et puis au fond, après réflexion, la sentence n'est pas si terrible face au diagnostic un peu méchant du départ.
Organisation de la vie à bord qui s'installe. Les livres d'abord, les relectures, les découvertes, l'envie de se gaver de la boulimique substance des pages. À portée de main, la musique, les objets gourmands, le téléphone, les mots croisés, les carnets, les stylos aux encres divines, et le petit chien noir en boule ravie de l'aubaine.
Le temps, alors, sur dix se décline autrement, amène à l'effervescente impatience des jours, dérive réflexive, coq-à-l'âne fragile reliés d'images bruissantes étonnamment célées à l'abri des caches secrètes, cueillettes d'émotions vives que l'on croyait oubliées, vibrant pizzicato des notes qui se mettent à courir au même rythme que les doigts, emportement, flots chaotiques des paroles, comme galets rugueux qui roulent, librement charriés par le torrent insoupçonnable. J.-M. S.
FIL
Que reste-t-il si ce n'est un fil qui court encore, mais sait-on où ? / Un fil qui se contorsionne, s'emmêle. / Un fil qui fait des entourloupettes. / Qui se lie ou pas. Qui s'effile ou pas. / Il fait figure. Grimace parfois. / Parfois en un tissage assez serré apparaît une image furtive, un mirage cousu. / Le fil se rompt quand on le force. / Le fil est de toutes les aventures. Sa dernière est la critique. Il fit là tant d'acrobatie qu'il s'emmêla. L'espoir s'effondrera, du fil cent fois rompu. Il reste un tas de fil, une sorte de corde à nœuds, en quelque sorte. / Il nous faut arpenter sans fil un nouveau terrain, en nous promenant toutefois. / Ariane la fourbe grecque, oubliée. H. T.
TRAIT D'UNION
… Petit-trait-horizontal-le-trait-d’union-est-la-passerelle-qui-en-nouant-les-mots-entre-eux- rattache-les-choses-ou-les-êtres-aussi-les-idées-parfois-mais-ce-petit-pont-liaison-d’une- innocente-apparence-peut-être-trompeur-et-faire-sourdre-insidieusement-à-notre-insu- souvent-les-contradictions-souligner-au-trait-rouge-les-contrastes-les-dualités-et-les- ambiguïtés-qui-nous-conjuguent- J.-M. S.
"UNE MAISON PARTICULIÈRE" D'ANNE & JEAN-PHILIPPE VASSAL
- Hubert Tonka et Jeanne Marie Sens
Qu’est-ce qu’une maison individuelle ou pavillon de banlieue quand on est ouvrier, qu’on n’a pas beaucoup de sous ? On dispose d’un budget très restreint qui permet à peine de s’offrir le pire des pav' préfa en carton-pâte, sans personnalité, des espaces étriqués, bas de plafond, matériaux minables, etc. Que faire dans ces cas-là ? Trouver un architecte pour choisir le meilleur préfa, mais attention, rien à gâcher, pas de budget à rallonge ! À l’arrivée, une réalisation architecturale remarquable, dans la banlieue bordelaise, de deux jeunes architectes, Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal : une maison d’une surface de plus de 180 m2, rez-de-chaussée, étage, une serre de 60 m2 sur toute la hauteur de la construction, enfin des conforts variés et tous les agréments d’une « vraie grande maison » n’éradiquant pas, comme le fait si souvent l’architecture « moderne », les symboles attachés à la maison. Conception intelligente d’une maison économique, autonome, pour un coût inférieur à celui d’un ridicule petit pavillon riquiqui pondu par des bétonneurs de banlieue.