L'Une & L'Autre
J'AIME LE RIZ AU LAIT
Cet ouvrage, tout à fait en dehors de nos productions habituelles, nous réjouit justement par sa singularité et la délicatesse « littéraire » qu’y a mise l’auteur dans la manière de présenter ses recettes.
« Provoquer, partager, précipiter les émotions, pourrait dessiner mon portrait », dit-elle.
Bonne entrée en matière : et voici donc quelques recettes de ce bon vieux riz au lait qui pour beaucoup d’entre nous se fait gloire, au même titre que les crêpes, les œufs en neige, la crème au chocolat ou le pain perdu, d’être notre petite madeleine de Proust, « car la recette est si simple que toutes les fantaisies sont permises : elle évoque toujours les goûters de l'enfance, la douceur, le réconfort. André Gide en confectionne une version dans un des moments difficiles de son “Voyage au Congo”.
[...] S'il ne fait pas partie de mes souvenirs d'enfance, le riz au lait en revanche traverse ma vie d'adulte, ponctue des rencontres, sillonne des pays. Je vous livre ici des recettes simples, d’autres plus élaborées mais toujours étonnantes et savoureuses.
J'aime le riz au lait, j'en raffole ! Était-il nécessaire de le préciser ?
Oups, j'allais oublier ; bien qu'aucune étude n'ait été faite à ce sujet, j'affirme que les garçons, les hommes, les amoureux, les fiancés raffolent de riz au lait. » Et nous, donc !
LA VERTU DES OMBRES
La Vertu des ombres, sous un aspect polémiste et pamphlétaire, aborde la tragique situation politique et dictatoriale des pays d’Amérique latine dans les années soixante-dix et quatre-vingt.
« Dans les sables mouvants de la déréliction et de la peur, nous sommes les bagnards de la solitude, et de cela nous mourons à petit feu… À la fois être et apparence, je reste mon propre néant… », écrit le poète Rémy Durand.
COLLAGE DRÔLE DE MONTAGE
« Collages
De la colle dure de la colle molle
Du papier du carton du bois des matières de ce qui vient sous la main
Des bouts de tout des bouts de rien des amalgames des couleurs de l’envers de l’endroit des tête-bêche des découpures des déchirures
Chœur à cœur à l’ouvrage
Collage drôle de montage »
J.-M.S.
LA MÉMOIRE EMPOISONNE MES PUITS
Faire le pas, prendre pied dans la journée qui s’ouvre devant lui pour que ce soit vraiment un autre jour — Émile, le narrateur, n’y parvient plus : l’afflux des souvenirs, comme une traînée de poussière, le retranche du présent. Dehors ne déploie plus devant lui qu’un désert où il chercherait en vain à étancher sa soif de vivre encore : “la mémoire empoisonne mes puits”, dit-il.
Émile, donc, qui dans Ces Éclats de liberté tentait de comprendre ce qu’avait été sa vie, constate qu’avec l’âge il ne parvient plus à “vivre à la vitesse du temps”, comme autrefois, quand lui, ses amis, ses camarades — et ils n’étaient pas les seuls dans le monde d’alors — croyaient même parfois pouvoir prendre de l’avance sur le temps…
Une réflexion à vif sur l’âge, sur la mémoire, sur le temps et sur une époque révolue.
JUSTE LA VIE
« La musique fit un temps partie de ma vie. L’écrit à part entière, puis la photographie, prirent le relais. Dire, exprimer, requiert divers langages, la photographie en est un qui appelle à diverses interprétations selon le regard que l’on y porte.
Ce livre marque pour moi l’inscription du temps, non par simple effet du souvenir mais par la transposition d’un regard sur l’objet capté qui dévie et prend alors une autre signification. Le temps est impalpable, n’a pas de représentation physique et l’on peut se poser la question de la démonstration photographique pour l’exprimer : ponctuelle, elle traduit directement l’objet dans sa simple ordinarité, je photographie ce que je vois ; détournée, elle emprunte un autre langage, je vois ce que je photographie, et se livre à un envol métaphorique où l’on n’y verra que ce que l’on veut bien y voir, ou y trouver.
Au travers des clichés ici présentés, se livre un album à colorier où chacun est libre d’apposer les dérives et les teintes de son choix. Regarder n’est pas une expérience neutre, c’est une complicité ».
J.-M.S.
AVENTURE DES BARRES FLEXIBLES
« [...] Ne plus séparer les techniques (classique, jazz, contemporaine, baroque...) : ce qui est une évidence (passer d’un style à l’autre) depuis un bon moment sur les scènes qui proposent des spectacles de danse, n’a longtemps pas inquiété les responsables de l’enseignement. Pourtant, de plus en plus de danseurs sont confrontés à cette obligation d’adaptation. Il n’est plus possible, maintenant, de n’être que “classique” (ni uniquement “contemporain” d’ailleurs), il leur faut, en concentrant en eux les divers moyens d’expression du xxie siècle, savoir s’engager corps et âme dans des mouvements aux motivations multiples.
C’est cette synthèse des différentes notions présentes dans les écritures de la danse que j’ai tenté de faire dans mes exercices d’entraînement. Ce petit ouvrage se propose d’en dévoiler, dans la mesure du possible, les étapes, le cheminement, le but, qui, au fond, se confond avec les moyens. »
SYNTHÈSE DES BARRES FLEXIBLES
Wilfride Piollet expose dans cet ouvrage la version achevée de ses Barres flexibles (expression tirée d’un poème que lui dédia René Char), sa théorie sur la danse consacrée aux exercices d’entraînement et d’échauffement. Ces exercices sont aussi bien outils d’interprétation que moyens de création et consignes d’improvisation. Synthèse des Barres flexibles se consacre précisément aux moyens d’observation et d’utilisation sensibles de cette recherche. Il se compose de deux parties :
– 1ère partie : Les moyens de penser son geste. Il s’agit là d’évaluer son propre espace de mobilité (les mesures du corps) et de prendre conscience de la projection du corps dans l’espace (les temps du corps) pour aborder différentes façons d’habiter et d’affronter l’environnement.
– 2e partie : Passer à l’acte. Cette partie est consacrée à la présentation exhaustive et synthétique des différents ingrédients qui composent la méthode des Barres Flexibles. Les exercices y sont présentés dans leur intégralité, sous la forme de partitions en cinétographie Laban.
PARLER À UN CHIEN
L’ouvrage de Didier Boone prend son point d’appui sur le motif du chien dans l’œuvre de Francisco Goya, dont, pour donner vie à ses personnages, il emprunte la figure énigmatique.
Le Francisco de ce récit quitte un jour son compagnon, Rainer, et part au bout du monde, en promettant de revenir riche et célèbre. Rainer l’attend dans leur village. Francisco tardant à revenir, il va le rejoindre et découvre sa trahison : délibérément remplacé par un autre, il finira, véritable crève-cœur pour lui, par s’en retourner.
On le retrouve alors dans le village, errant comme un chien abandonné, et faisant mine, manière de ne pas s’avouer totalement vaincu, de se rattacher au passé qu’ils ont vécu ensemble.
Fiction, réalité ? Destins croisés. Où sommes-nous donc dans ce récit poussant l’expression jusqu’au paroxysme de l’imaginaire et de l’allégorie où les éléments extérieurs mêmes sont comme autant de spectateurs ?
ÉBRÉCHURE
Ébréchure, un drôle de mot qui, ici, évoque la déchirure de l’intime.
Mais l’intime, dans l’emprunt des sentiments, ne se répercute-t-il pas aussi dans une dimension sociale pointée sous ses aspects de légèreté tout autant que de gravité ?
Cet ouvrage en fait l’objet, qui en exprime les ambiguïtés : des bouts d’humeur, des bribes de plaisir, des pans de désarroi. Des scènes de vie.
Des mots, tout simplement.
ET TOI LECTEUR, QUEL A ÉTÉ LE GRIGRI QU'ON T'A VOLÉ QUAND TU ÉTAIS ENFANT ?
Un peintre abandonné par le succès combat son isolement et son laisser-aller en écrivant les brefs dialogues imaginaires qu’il pourrait avoir avec sa femme, partie à l’étranger.
“Aujourd’hui” et “Maintenant” en marquent le temps et la distance. De sensations en descriptions fondatrices de son œuvre, il se souvient avoir volé l’ours gris d’un petit garçon. Sa honte reconnue, leurre de ce qu’il a subi lui-même, il renoue avec une très précieuse liberté.