Architecture
WYSIWYG
Wysiwig (What you see is what you get – ce que je voir est fait) est un recueil de contes à l'usage exclusif des ordinateurs. Ce sont des pages d'écriture pure dotées d'effets spéciaux. Ces récits ni faux, ni vrais, sont falsifiables et vraisemblables : il s'agit des premiers textes composés avec des images littéraires de synthèse. Lisibles sur écrans mono ou polychromes. Ils assurent aux machines informatiques le sommeil réparateur du juste pixel. Ajoutons enfin que l'auteur de ces contes, déjà inventeur de l'idiotie artificielle et du maltraitement des textes, est entièrement compatible.
INSTRUCTIONS POUR UNE PRISE D'ARMES
« Instructions pour une prise d'armes est le texte d'Auguste Blanqui le plus connu et aussi le plus provoquant. Il donne les règles pratiques en vue d'une résistance aux pouvoirs institués en milieux urbain afin de bloquer les décisions et de laisser au prolétariat le temps de s'organiser ; ce fut sans doute le texte le plus rêveur où l'inflexible établissait les conditions utopiques d'existence : celle truffée d'espoir et celle de ne plus être le jouet du destin.
L'Éternité par les astres, est une parabole utopique sur les certitudes et les vérités de celui pour qui l'Éternel retour faisait partie de l'avènement de la révolution.
Miguel Abensour et Valentin Pelosse, posent tout au long de l'ouvrage des apostilles empruntées à d'autres auteurs révélant la profondeur des textes de l'intransigeant. Ils concluent l'ouvrage par une postface : « libérer l'enfermé », qui a été rééditée séparément sous le titre éponyme dans nos éditions (2015).
CLEUNEY SES GENS
Dans un coin de la banlieue de rennaise, sur des panneaux d'annonce touristique Robert Milin relate, à partir de photographies retravaillées en graphisme routier, la simple vie des habitants de Cleunay seulement ponctuée d'événements ordinaires.
ASSEZ !
“La nostalgie me casse les couilles ! Les nostalgiques avec... Et ceux qui ont eu vingt ans en 68 et qui s’en vantent sont les pires. [...] On ne peut pas dire ce que ça aurait été puisque cela a échoué, par la faute de l’appareil des partis et des bureaucrates syndicaux, mais on peut, en revanche, faire dériver de cet échec les échecs successifs de la société actuelle dont le pôle sénile serait Mitterrand et le pôle juvénile Les Inrockuptibles.”
LA TENTATION DU PAYSAGE
“Sous le titre La Tentation du paysage, il sera question d’une figure essentielle du temps sous la forme de l’image même de l’immuable : la campagne, le monde rural. Celui-ci y étant abordé hors de tout lyrisme nostalgique. [...] Il en sera question comme d’une figure sans cesse recommencée et toujours réadaptée de l’inertie originelle, figure qui, sous la forme du paysage apparaît alors comme une expérience de la conscience de nous et du monde où se trouvent indissociablement mêlés l’inertie et la vitesse, le même et le distinct, le perdu et le retrouvé ; figure plus proche de nous sans doute que jamais de l’Éternel Retour.” J-P.C.
DE LA CONCIERGERIE INTERNATIONALE DES SITUATIONNISTES
La première édition de ce texte a paru en août 1971. L’on ne connaît pas, aujourd’hui encore, « l’hétéronyme » de Bartholomé Béhouir.
Les épigones plus radicaux que les radicaux mêmes conchient les plus belles idées les rendant stupides, insupportables donc méprisables – hier, en 1971, comme aujourd’hui, en 2000.
« ... Ça y est, il pleut! Une dernière chiasse de tristesse révolutionnaire est née. Une merde est tombée. La pollution anti-pro-authentico-situationniste s’est exprimée. La pythie cause. Silence les cons, les demi-radicaux. Zorro arrive et tout va mieux. Le règlement de comptes – comprenez La resa dei conti – s’articule. Ouais vous allez comprendre les tenants et aboutissants du mystère : paraît qu’il y a des intelligences dans les Perspectives prolétariennes et que le Groupe révolutionnaire d’action conseilliste sait ce que l’Internationale situationniste pense d’eux. Mais alors vous allez souffrir... » La bêtise se substitue à l'intelligence et l'opportunisme à la réflexion.
L'ÉCOLOGIE POLITIQUE AU MIROIR
“L’écologie politique, à défaut de grandes idées, a des idées larges. Pour ainsi dire pas vraiment des idées, plutôt des opinions ; et surtout l’ambition de faire de sa propre confusion le mode le mieux adapté de représentation politique pour tous ceux qui cherchent et se cherchent dans une situation où tout semble bloqué. [...] La déroute étant depuis quelque temps déjà un fait social à part entière, il était finalement légitime qu’elle soit politiquement représentée ès qualités, et même, si besoin est, théorisée.” J-P. C.
LE GÂTISME VOLONTAIRE
Comment notre société, qui n’a jamais été autant scolarisée, peut-elle paraître aussi bête? Pourquoi l’étalage de la souffrance et de la compassion est-il devenu le principal motif d’exaltation et de surenchère dans la vie politique, sociale ou culturelle? Pourquoi le grand nombre s’est-il mis au diapason des médias qui pontifient et des élites qui radotent? Comment a-t-on converti tant de propos à la monnaie unique de l’’éthique? Pourquoi est-on désarmé face à une incivilité grandissante qui bafoue l’esprit public? Pourquoi, en dépit du désarroi ambiant et du désastre qui s’annonce, la société dans son ensemble, persistant dans son délire, revendique-t-elle en quelque sorte le droit de prospérer tout en attentant à ses propres jours?
Georges Sebbag répond à ces questions alarmantes en les rapportant à deux réalités étroitement liées et passées jusque-là inaperçues — le chambardement démographique des âges et le naufrage du sens commun.
L'IRREPRÉSENTABLE
« Confrontée à l'arbitraire de l'interprétation, la compréhension est une mise en abyme de la représentation. Tel un présupposé de la richesse des intentionnalité et de la mouvance des affects, ce qui n'est pas représentable sert de garde-fou contre le pouvoir de modèle d'interprétation. Mais la volonté d'interprétation l'emporte parce que, selon Schopenhauer, la représentation nous délivre de l'ennui. Le spectacle du monde et de la vie nous distrait en nous entrainant dans le vertige de l'interprétation. Croire qu'il est toujours possible de se représenter les sentiments que nous éprouvons, les passions que nous vivons, est une manière de conjurer l'angoisse existentielle que le fait d'être agi ou de pâtir provoque ». H.-P. J
PAS PAR MOI (IL NE PASSERA PAS)
« Je me sens cerné de tous côtés par des brins de fil, la plupart insignifiants, mais dont la quantité et l'organisation idéalement chaotiques me maintiennent au niveau du sol, Gulliver assailli de Lilliputiens .Ces brins, quels sont-ils ? Ce sont ce que l'on appelle les petits désagréments quotidiens. C'est le propriétaire qui... C'est l'huissier qui... C'est l'employeur qui... C'est le subalterne, C'est le regard du militaire, c'est l'automobiliste, c'est le policier, c'est le médecin... Pris séparément, il n'y a pas de quoi fouetter un chat. Mais ces brins s'enchevêtrent sans cesse, se recoupent, renvoient l'un sur l'autre. Le caractère non-déterministe de leurs enchainements ne rend que plus efficace leur propre tension... » S. B.