Architecture
DEBORD DANS LE " BRUIT DE CATARACTE DU TEMPS"
– RÉÉDITION –
Pour la première fois depuis qu’il cessa le compagnonnage avec l’I.S., Daniel Blanchard dit, à sa façon, ce que fut et reste Guy Debord.
L'EFFACÉ
“Propriété privée, travail, capital, ouvrier et capitaliste, prix et profit : que disent ces mots ? Qu’expriment-ils des hommes, de leur rapports sociaux et de leurs liens avec le monde ? Que les individus en usent pour décrire leur réalité personnelle et collective, cela ne va pas de soi. Cette langue de l’économie qu’ils parlent quand ils veulent de l’objet et de leur activité, de l’autre homme, dire l’essentiel, elle ne leur est pas innée. Ils l’ont apprise. Ils ont appris à dire marchandise, plutôt qu’objet, travail au lieu d’activité, propriété privée pour désigner une étendue de terre. Pour ces hommes, l’autre sens possible de ces mots s’est effacé. L’autre, voilà aussi ce qui s’annonce avec l’effacé. Autant dire qu’au moment où nous le nommons, il aura déjà disparu. Il a été, voilà notre seule certitude.” A.-J. Chaton livre, ici, une nouvelle lecture des fameux “Manuscrits” dits de 1844 du jeune Marx (Karl).
LA LITTÉRATURE PREND LE MAQUIS
Devant le peu d’exigence du public et l’intronisation de la médiocrité dans l’arène médiatique, la littérature n’a que la ressource de l’esquive; elle prend le maquis pour se sauvegarder elle-même, vivre à sa guise, continuer de développer dans ses ouvrages des perspectives de plaisir et d’élargissement dans la présence à soi-même au monde. Jean-pierre Otte dénonce les méfaits de la culture par tous l’exception culturelle et autres petites infamies en art et en littérature, le parasitisme et l’onanisme oculaire. En même temps il s’efforce de comprendre l’avilissement et la platitude comme un étape nécessaire dans un processus de renouvellement. c’est dans l’ombre, en coulisse, en marge, que s’invente une culture nouvelle, libre, forte et fertile dont nous avons la plus grande nécessité dans le temps et la rupture et du passage.
L'EFFACÉ
Propriété privée, travail, capital, ouvrier et capitaliste, prix et profit : que disent ces mots ?
Qu'expriment-ils des hommes, de leur rapports sociaux et de leurs liens avec le monde ? Que les individus en usent pour décrire leur réalité personne et collective, cela ne va pas de soi. Cette langue de l'économie qu'ils parlent quand ils veulent de l'objet et de leur activité, de l'autre homme, dire l'essentiel, elle ne leur est pas innée. Ils l'ont apprise. Ils ont appris à dire marchandise, plutôt qu'objet, travail au lieu d'activité, propriété privée pour désigner une étendue de terre. Pour ces hommes, l'autre sens possible de ces mots s'est effacé. L'autre, voilà aussi ce qui s'annonce avec l'effacé. Autant dire qu'au moment où nous le nommons, il aura déjà disparu. Il a été, voilà notre seule certitude.
A.-J Chaton livre, ici, une nouvelle lecture des fameux « Manuscrits » dits de 1844 du jeune Marx (Karl).
HIC
“Redoutant ce qui commence, le temps sans esprit tricote cataractes ; les somnambules se lèvent et suivent. Proclame-t-il que x est x ? Ils récitent arguments. L’inertie fait le reste. Et s’il s’agissait, à rebours, de voir ? Dring ! Du bâton pour les carottes ! Et aussi de dire ? Moins vite, moins fort, moins haut : mot à l’heure, vie au terme, point final en suspension... [...] Poésie ? Non. Science ? Non. Poésophie alors ? Si vous le dites... plutôt rapports, sans rimes ni raisons. Rapports ? En tous sens. Posture ? Zététique. Méthode ? Buissonnière. Objectif ? Marcher encore. Et combien ? Trente-six. X est x et non-x, sceptique grammaire, poétique ambigu, diamantine vérité. Il y a des soleils.”
SURRÉALISME OU LE SURRÉALISME INTROUVABLE
Que restera-t-il du surréalisme dans la culture de l'avenir ? Une mixture de toutes les expériences artistiques d'avant-garde menées par des non-conformistes de génie un instant dévoyés dans la politique ! Expositions, manuels d'histoire littéraire dispensent déjà cette leçon unique, sous la férule d'intellectuels d'autant plus friands de vaines polémiques qu'ils sont tous tributaires du même surréalisme réellement existant. Il existe pourtant une autre idée du surréalisme, qui porte jusqu'à nous la volonté de rupture dont le mouvement fit jadis son credo éthique et que résument aujourd'hui deux questions complémentaires : cette imitation frelatée de la révolte surréaliste, comment a-t-elle pu imprégner toute l'esthétique de notre époque ? Pourquoi la feinte-dissidence culturelle se place-t-elle si facilement sous ce signe ? Y répondre, c'est parler de la révolution surréaliste au présent. On la retrouve ici à sa vraie place et avec de nouvelles raisons d'être parmi nous.
LE GÉNIE DU TROUPEAU
“Sans doute, sous d’autres cieux, à Tahiti ou en une paisible Arcadie, paissait le troupeau humain, conduit par quelque pasteur divin. On peut en rêver, tout en lisant ‘Le Politique’ de Platon ou ‘Les Immémoriaux’ de Victor Segalen. Ou plus exactement, nul besoin de rêver. Nous y sommes de plain-pied. L’ancien mythe se réactualise sous nos yeux. D’abord, la démocratie, en égalisant les droits des hommes, réalise la condition du troupeau. Ensuite, le capitalisme mondial, en alimentant six milliards de bouches, subvient aux besoins des populations. Sans compter l’humanitaire sanitaire, qui veille sur les plaies et les bosses. Enfin, et c’est là le vrai miracle, le bonheur de la multitude est assuré puisque les individus du grand nombre sont tous sans exception des génies.”
NETWAR
- Christian Vanderborght avec Éric Ouzounian -
« L’accessibilité immédiate d’un point distant de l’espace et du temps grâce aux médias numériques oblige la conscience à une gymnastique mentale autre que celle de la représentation aristotélicienne. L’articulation ne joue plus entre le pouvoir de représentation et la sacralisation de l’objet fini mais entre le pouvoir de présence et le processus de perception. Aujourd’hui, l’art se joue à décliner le processus de présence sur tous les modes de perceptions et non plus à élaborer des formes sur tous les modes de représentations. La notion égotiste de l’homme solitaire, tentant de maîtriser le monde (the Winner), fait place à la notion tangente de l’homme interfacé, joueur blasé d’un monde virtuel (the Joker). Nous sommes passés de l’angoisse existentialiste de l’être au trac illusionniste de la participation. À moins qu’il ne fasse revoir les règles théoriques qui nous animent. » Ch. V. & R. O.
FOUS D'ARTAUD
Les fous d’Artaud sont-ils aussi fous que lui ? La folie, comme la peste, est contagieuse et tous, psychiatres, disciples, famille, critiques, tous ceux qu’Artaud a approchés, ou qui ont approché Artaud, semblent participer de son délire. Cet ouvrage le montre de diverses manières, la plus saisissante étant sans doute ce qu’Artaud avait nommé un "drame mental" – une confrontation avec les témoins ou «persécuteurs» du poète où se démasque à vif le délire propre à chacun d’eux, et celui de l’auteur lui-même.
Ce livre n’entend pas apporter une strate supplémentaire aux débats qui ont fait rage depuis la mort du poète maudit, ni prendre parti entre les différents camps qui se disputent encore la dépouille d’Artaud ; il parle du lieu où se "travaille" la folie.
Dans un travail commencé depuis plus de vingt ans (Antonin Artaud, New York, Scribner’s Son, 1983), Lotringer a interviewé les deux médecins de Rodez qui ont soumis le patient Antonin Artaud aux électrochocs : le directeur de l’hôpital psychiatrique, Gaston Ferdière, et son interne, Jacques Latrémolière.
Enfin, la si contestée – par la famille d’Artaud – Paule Thévenin livre l’identité du fameux 'Dr J. L.' violemment pris à parti par Artaud dans son Van Gogh, le suicidé de la société.
CRITIQUE DE L'ESTÉTIQUE URBAINE
La ville excède la représentation que chacun peut en avoir. Elle s'offre et se dérobe aux manières dont elle est appréhendée. Le blanchiment des monuments, de ces édifices urbains qui figurent l'histoire de la ville et son inscription dans le temps, ne fait que consacrer le pouvoir de l'uniformisation patrimoniale. Ce qui est décrété publiquement signe de la laideur, en prenant valeur patrimoniale, s'impose quelque temps plus tard, comme un symbole de la ville. Au rythme de notre étonnement, de notre enthousiasme ou de notre désapprobation, nous construisons de façon imaginaire de la ville dans la ville qui nous est donnée à voir ou que nous habitons. Si la ville permet une telle aventure de l'imagination, c'est dans la mesure où ce qui s'expose d'elle démontre aussitôt sa capacité d'absorption du nouveau. » H.-P. J.