Déjà Paru
FICTION DE LA CONTESTATION ALIÉNÉE
« Mon intention était, en mai-juin 1968, de montrer comment naissait la police de l'esprit, comment naissaient les automatismes, les comportements, les nostalgies et les abandons par lassitudes. Être moderne ce n'est pas ratiociner sur le passé, fût-t-il révolutionnaire. Nous savions, en tant que patriciens des révolutions, en tant qu'opposant aux organisation de régulation des économies-politiques capitalo-communistes, que la fossilisation commence par la raréfaction des paroles échangées. La prise de paroles restait l'essentiel. » H. T.
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Comment rejoindre les lieux, celui d'où je parle aujourd'hui et ceux où j'ai vécu, les Alpes de l'enfance, Paris, l'Afrique Noire, la Nouvelle Angleterre ?...
comment les rejoindre d'un même souffle et pour ainsi dire d'un même phrase sans que le fil se rompe avec le point initial, et retrouver en quoi ils se sont avérés compatibles pour composer une image qui fasse sens.
Or, elle se révèle non seulement floue et tremblée, mais cassée, fracturée.
Ce récit est aussi celui d'un échec. Le parcours qu'il décrit se heurte presque partout, se brise, sur la violence, celle de la guerre et celle de la société moderne, il côtoie des confins où j'ai tenté de prendre pied mais où, en quelque façon, le sol m'a manqué. »
CITIZEN DATA
Où il est question d'une certaine mainmise par les entreprises de communication multinationales sur l'ensemble des bases de données existantes et à venir, qu'elles soient composées de textes, d'images ou de sons.
Où il signifiera que l'on adaptera en cas de conflit entre ceux qui détiennent les capitaux pour immobiliser les flux informationnels et ceux qui, consciemment ou non, les alimentent en données banales ou stratégiques.
Où l'individu se retrouvera enfin atomisé comme il se doit et transformé en bétail à consommer en attendant de finir consumé dans la marmite du Grand recyclage.
WYSIWYG
Wysiwig (What you see is what you get – ce que je voir est fait) est un recueil de contes à l'usage exclusif des ordinateurs. Ce sont des pages d'écriture pure dotées d'effets spéciaux. Ces récits ni faux, ni vrais, sont falsifiables et vraisemblables : il s'agit des premiers textes composés avec des images littéraires de synthèse. Lisibles sur écrans mono ou polychromes. Ils assurent aux machines informatiques le sommeil réparateur du juste pixel. Ajoutons enfin que l'auteur de ces contes, déjà inventeur de l'idiotie artificielle et du maltraitement des textes, est entièrement compatible.
LE LUDIQUE ET LE POLICIER
Jean Baudrillard fut l’un des créateurs de la revue Utopie qui parut en 1967 pour la première fois et mit un terme à son existence en 1980. Il y participa de bout en bout et y donna une belle quantité de textes réunis dans le présent volume.
RIEN, PRESQUE RIEN, MOINS QUE RIEN
« Et tu supporteras sans désagrément ni peine, je pense, que je te fasse présent, à toi Être noble entre tous, de l'absolument Rien ou du Rien lui-même, et de moins que Rien, toi qui sait fort bien, depuis quelque temps déjà, que je ne suis capable de Rien, et que toute mon œuvre ne vaut absolument Rien, comparée à ton simple Être. Aussi ne m'estimerais-je moi-même en absolument Rien, si l'amour très élevé dont tu m'honores ne me faisait paraître être quelque chose à mes propres yeux.
Ne cherche pas dans ces phrases, lecteur très cultivé, une éloquence apprêtée ou fleurie. […]
si toutefois l'ensemble de notre ouvrage te déplait tout à fait, souviens-toi qu'il n'est Rien ; salut. […] Rien ne peux venant du Rien, retourner dans le Rien. J. G. (Venise, 1634)
INSTRUCTIONS POUR UNE PRISE D'ARMES
« Instructions pour une prise d'armes est le texte d'Auguste Blanqui le plus connu et aussi le plus provoquant. Il donne les règles pratiques en vue d'une résistance aux pouvoirs institués en milieux urbain afin de bloquer les décisions et de laisser au prolétariat le temps de s'organiser ; ce fut sans doute le texte le plus rêveur où l'inflexible établissait les conditions utopiques d'existence : celle truffée d'espoir et celle de ne plus être le jouet du destin.
L'Éternité par les astres, est une parabole utopique sur les certitudes et les vérités de celui pour qui l'Éternel retour faisait partie de l'avènement de la révolution.
Miguel Abensour et Valentin Pelosse, posent tout au long de l'ouvrage des apostilles empruntées à d'autres auteurs révélant la profondeur des textes de l'intransigeant. Ils concluent l'ouvrage par une postface : « libérer l'enfermé », qui a été rééditée séparément sous le titre éponyme dans nos éditions (2015).
LES MURS DU TRASTEVERE ROME
« Les habitants, intrigués de mes attitudes, sortaient après mon départ et se postaient à leur tour dans la position exact que je venais de quitter, se demandant bien ce que j'avais trouver de si intéressant à photographier sur leur pauvre mur égratigné acquittant ce décor si banal de leur vie. Rien. Évidemment rien. Si l'on dit que les murs ont des oreilles, je pense qu'ils ont aussi, et surtout, un langage, ils détiennent et délivrent des mystères, crient des révoltes, retracent l'art et l'amour, ils ont des codes, posés là anonymement le plus souvent, et laissent en signes inéluctables des cicatrices profondes en coulures du temps. » J.-M. S.
CLEUNEY SES GENS
Dans un coin de la banlieue de rennaise, sur des panneaux d'annonce touristique Robert Milin relate, à partir de photographies retravaillées en graphisme routier, la simple vie des habitants de Cleunay seulement ponctuée d'événements ordinaires.
LA SOCIÉTÉ DE CONSOLATION
"[... Faut pas prendre les enfants du cardinal pour des enfants du Bon Dieu! [...] Connectez-vous sur CM-Free, le premier syndicat virtuel ! Joyeux Noël ! Et ce mardi 15 décembre 1998 à 11 h 30, la bombe explose [...] CM-Free était sur tous les écrans. J’entendais des bribes de paroles, "d’où ça peut venir ?", "ça vient de l’extérieur", "oh putain...", "Georges c’est le pseudo du mec", "ils y vont pas de main morte", "ils ont raison sur toute la ligne", "ils sont sûrement plusieurs", "c’est super !"
J’entrai dans la cafétéria raide comme un automate. Elle était vide. J’allumai une cigarette et m’efforçai de respirer calmement...]"