Le Blanc
Le Blanc
« Je ne me serais pas intéressé au blanc s’il n’apparaissait constamment comme une anomalie du paysage, tantôt le valorisant, tantôt le dégradant.
" Dans la nature, le blanc n’existe pas ". Assertion frappante. Je la tiens de Bernard Lassus, alors enseignant en art plastique à l’École du paysage de Versailles.
Elle contenait un défi : Si vous ouvrez les yeux, vous verrez, le blanc n’existe pas, enfin pas comme on l’entend, ou alors c’est une exception. À vous de démontrer le contraire. Cela n’était pas dit mais sous-entendu et suffisait pour capter l’attention vers cette affaire apparemment minime du paysage.
Il n’existe pas de blanc au sens nettoyant du terme (laver plus blanc). C’est une chance. Mais il existe une infinité de tons clairs, répartis sur les supports les plus divers. On peut en établir une liste. Elle se présente dans l’ordre alphabétique des catégories identitaires du blanc dans le paysage d’aujourd’hui.
D’une manière ou d’une autre, les composantes inertes du paysage se trouvent liées au vivant en tant que système mais il arrive qu’on les perçoive pour elles-mêmes sans identifier les êtres auxquels elles se trouvent associées : une plage de sable blanc, une cime enneigée, une falaise de craie.
Le blanc intervient alors de façon massive, occupant tout le regard et, même s’il s’agit d’un phénomène temporaire – le ciel, l’écume, la neige – il peut identifier un territoire durablement. » G. C.