L'auteur
Miguel Abensour (1939-2017) est un philosophe français, spécialiste de philosophie politique. Directeur de la collection « Critique de la politique » aux éditions Payot depuis 1974, il est également professeur émérite de philosophie politique à l'Université Paris VII-Denis-Diderot et ancien président du Collège international de philosophie.
Miguel Abensour
LIBÉRER L'ENFERMÉ. AUGUSTE BLANQUI
Ouvrage écrit en collaboration avec Valentin Pelosse.
Au fond de nos souvenirs dort Blanqui, exalté, allumé, tour à tour activiste, militaire, « alchimiste », « philosophe », dressant des barricades avec des mots et des mots comme des barricades. L’homme des proclamations, des éclats : « Pourquoi le drapeau de la révolution est-il rouge ? c’est qu’il fut trempé mille fois dans le sang du prolétariat ». Par ses actes, ses écarts, ses images, Blanqui devint un mythe. Celui que l’on nomma l’Enfermé est devenu l’effigie du révolté — en oubliant ce qu’il fut.
Ce bref texte sommeillait à la fin d’un volume que nous fîmes paraître en l’an 2000 (reprise d’une parution de feu les Éditions de la Tête de feuille, 1973) où se confrontaient les « Instructions pour une prise d’armes », « Je suis un de ces voyageurs », « Contre le positivisme » et « L’Éternité par les astres ». Ne pas « Oublier Blanqui » est le but poursuivi.
DE LA COMPACITÉ
— RÉÉDITION —
Cet essai, initialement paru en nos éditions en 1997, explore une relation entre certaines formes d’architecture et les expériences totalitaires du siècle dernier. En s’appuyant sur l’emblématique totalitarisme nazi incarné par deux hommes, Hitler et Speer, Miguel Abensour sonde les profondeurs, les connivences, les avatars des dirigeants dans l’œuvre de domination. L’auteur laisse en filigranes d’autres totalitarismes aux résolutions esthétiques semblables.
Par un regard attentif sur le passé, M. Abensour pointe en réalité, cruellement, notre présent.
LES PASSAGES BLANQUI
« Walter Benjamin, notamment dans le texte Paris capitale du XIXe siècle (1935), apparaissait comme un "phare" dont les rayons permettaient de discerner les arrière-fonds philosophiques, cosmogoniques de la radicalité révolutionnaire de Blanqui et donc d’extraire celui que son biographe Gustave Geffroy nommait "l’Enfermé", à l’approche traditionnelle, trop exclusivement politique. »
UTOPIQUES 2 – L'HOMME EST UN ANIMAL UTOPIQUE
L’objet de ce livre, c’est précisément de montrer que le foisonnement de l’utopie à travers les âges représente rien moins que la volonté toujours renouvelée de donner à l’émancipation un nouveau visage. Alors que les uns s’emploient à dissocier l’utopie de la politique, les autres à tout rabattre sur la politique, l’idée centrale des différentes écoles utopistes, l’idée d’Association, dément ces simplifications : elle est en réalité une idée politique qui rejoint l’inspiration de la vraie démocratie.
Ainsi, l’utopie s’interroge sur les nouveaux moyens de réaliser l’idée d’émancipation et de dépasser ce qui se pose à chaque fois comme horizon indépassable.
Si bien que l’homme apparaît alors véritablement comme un animal utopique.
UTOPIQUES 1 – LE PROCÈS DES MAÎTRES RÊVEURS
La légende noire, qui accompagne toutes les périodes de réaction et de désarroi, a fait de l’utopie l’antichambre du Goulag, voire des camps, et elle ne nous laisse rien espérer de l’avenir. Et pourtant, un simple coup d’œil sur l’Histoire prouve le contraire : l’utopie est inséparable d’une pensée de l’émancipation qui a trouvé dans ce « splendide XIXe siècle » (André Breton) son épanouissement. Miguel Abensour évoque ici une de ces figures les plus fascinantes, celle du « génial Pierre Leroux » (Marx), qui fut sans doute l’inventeur du mot socialisme.
POUR UNE PHILOSOPHIE POLITIQUE CRITIQUE
"Critique, cette philosophie politique l’est de par la jonction de deux dimensions, la critique de la domination d’une part, une interrogation permanente sur ses conditions de possibilité de l’autre. À vrai dire, une troisième dimension se fait jour dans ces pages, traversées en quelque sorte par une montée de l’utopie, au point d’infléchir cette philosophie vers une philosophie politique “critico-utopique”, si l’on reprend le terme forgé par Marx pour désigner les socialistes utopiques qu’il tenait, contrairement à la légende, en grande estime pour avoir su donner “l’expression imaginative d’un monde nouveau”. C’est sous des formes diverses, le lien humain chez Pierre Leroux, l’humain chez Emmanuel Levinas, la confrontation entre l’utopie et la démocratie que sont tentées une sortie, mieux, une évasion vers ce qui est différent, vers l’autrement. Contrairement à la doxa prisonnière de l’horizon libéral, il n’est pas vrai que la démocratie ait évincé l’utopie, comme si l’époque de la démocratie avait succédé à l’époque de l’utopie en en signant la fin."
LETTRE D'UN "RÉVOLTISTE" À MARCEL GAUCHET CONVERTI À LA "POLITIQUE NORMALE"
Cette Lettre est la réponse tout à la fois ironique et vigoureuse de Miguel Abensour à l’agression de Marcel Gauchet à son égard dans son ouvrage La Condition historique (Gallimard). On y trouve une réflexion critique sur le drapeau brandi par Marcel Gauchet : la politique normale. À lire Miguel Abensour, il semblerait que l’art du pamphlet soit encore (heureusement) vivant.
MAXIMILIEN RUBEL - POUR REDÉCOUVRIR MARX-
- Miguel Abensour et Louis Janover - « Tout ce que je sais, c’est que moi je ne suis pas “marxiste”. » C’est en référence à cette phrase de Marx et à la lumière de ce que sont devenus les « marxismes » que Maximilien Rubel a établi une distinction radicale entre « marxien », qui se rapporte exclusivement à l’œuvre de Marx, et « marxiste », qui renvoie aux épigones de toutes sortes. Ironie de l’histoire : cette différence est devenue la chose la mieux partagée du monde, après avoir été objet de scandale. L’œuvre de Maximilien Rubel n’en reste pas moins « en écart » – et toujours écartée. Miguel Abensour en scrute les origines, en menant une réflexion sur le travail d’édition et de recherche d’un penseur déterminé à redonner à l’analyse critique de Marx ses multiples dimensions comme sa place dans le mouvement d’émancipation qu’elle accompagne. Louis Janover montre que Maximilien Rubel n’a pas seulement arraché Marx aux marxismes, mais ouvert nombre de perspectives susceptibles d’aiguiller la critique contre les formes les plus subtiles de confusion qui prennent l’allure de la feinte-dissidence, dernier avatar de l’idéologie. En regard, un entretien avec Maximilien Rubel permet d’embrasser l’arc de sa vie.
HANNAH ARENDT CONTRE LA PHILOSOPHIE POLITIQUE ?
Selon l’opinion du jour, Hannah Arendt serait connue et reconnue pour avoir élaboré une des grandes philosophies politiques du temps présent. Cette appréciation n’a-t-elle pas pour défaut d’occulter l’hostilité déterminée de Hannah Arendt à ce qu’il est convenu d’appeler « philosophie politique » ? Hannah Arendt n’a-t-elle pas explicitement avoué qu’elle prenait toujours soin de mentionner l’opposition qui existe entre philosophie et politique ? De là, sinon l’ouverture d’un réquisitoire, tout au moins la mise en lumière de ce qui fait obstacle à une fusion harmonieuse entre philosophie et politique. De là, un jeu complexe entre la critique du platonisme et l’exception kantienne. La question est donc : faut-il canoniser Hannah Arendt ou bien laisser entendre la voix dérangeante de « l’enfant terrible » de la pensée politique ? Bref, quel est le ton de la politique ?